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L e P i x d r e a m e r
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26 janvier 2013

LES MARINS NE SONT PLUS CE QU’ILS ETAIENT, LA MER NON PLUS

Assis sur un rocher ou prospère une colonie de moules bien grasses, Christophe Colomb observe le soleil se coucher à l’horizon de la mer océane. Il sait que l’on peut rejoindre les Indes par le couchant, il brule d’envie de prendre le large pour savoir. Il relis les cartes de toutes les époques, des plus antiques, les grecques avec Ptolémée, les phéniciens qui longèrent la côte africaine, les récits des hommes du nord qui posèrent le pied sur une Terre Neuve où vivaient des indiens Beotuks avec lesquels ils se croisèrent au IXème siècle, les arabes qui tracèrent les cartes de l’Afrique orientale, les égyptiens qui pressentaient que le dessin des astres dessinait de larges routes. Tout lui parait cohérent. Il y a forcément une route au couchant. Déjà de nombreux portugais s’étaient aventurés découvrant les iles du Cap Vert, puis bientôt le Cap Tormentoso (le cap de Bonne espérance) et la remontée de la cote orientale de l’Afrique, puis les Indes, les iles Moluques d’où l’on ramène les épices souvent au prix de batailles contre les navires musulmans (arrivés avant) ou bien contre les populations hostiles de certains archipels. Les marins de ces temps-là venaient de tout le pourtour méditerranéen. C’étaient des hommes rudes et pauvres. Les conditions de vie à bord étaient d’une grande précarité et les règles sociales très strictes. On ne savait pas quand on revenait et si l’on revenait, et dans quel état. A bord du bateau, on entendait parler toutes les langues. Les portugais furent sans doute ceux qui organisèrent le mieux les routes commerciales et militaires entre leur cote atlantique et les Indes en passant par Madagascar, les iles Moluques et les Philippines. Il suffit de dénombrer tous les forts portugais qui balisent le pourtour africain et le golfe persique. Quand ils ne pouvaient pas accoster comme à Cipangu (le Jap on)par exemple, ils jetaient des bibles à la mer dans l’espoir qu’elles seraient récupérées (et lues !) par les indigènes. Il ne faut pas oublier que l’ethnocentrisme (expansionniste) catholique européen avait pris soin par une bulle papale de diviser à l’avance le monde en deux, moitié pour les espagnols, moitié pour les portugais. Pendant un siècle à peu près, les expéditions vers les Terrae Novae s’enchainaient sous les bons hospices de la casa de Contratacion qui accordait ses crédits aux projets qui lui paraissaient solides (et crédibles) au nom de la couronne d’Espagne.

Les marins qu’ils soient matelots, capitaine ou pilote, prenaient énormément de notes, dessinaient, collectaient sans cesse. Leurs journaux de bord relataient avec précision les faits et gestes de leur équipage. Ces journaux sont aujourd’hui des témoignages précieusement conservés dans les Archives de Séville, Salamanca, Londres ou Istamboul. L’épopée de Magellan (Hernando Maghalanes) est d’une dimension épique incroyable. Il est marin, il fait ses classes comme simple matelot au sein de plusieurs expéditions militaires (et commerciales) portugaises jusqu’en Inde et aux fameuses Moluques d’où l’on rapporte le gingembre, le poivre, le curry pour donner comme par miracle du gout à la cuisine européenne. Ces opérations ne se font pas sans violence tant vis à vis de certaines populations locales que vis à vis des navires arabes qui voient évidemment d’un assez mauvais œil les tendances expansionnistes des chrétiens. Magellan s’endurcit donc pendant des manœuvres difficiles ou des comités d’accueil hostiles à la vénalité affichée des commerçants chrétiens. Les années font de lui un marin expérimenté et précis. Lui aussi écoute les récits des pilotes de navire, étudie les cartes et pressent qu’une route au sud ouest existe pour rejoindre les Indes et l’empire du grand Khan (la Chine). Il parvient au prix d’une infatigable opiniâtreté à se faire financer son aventure par la cour d’Espagne (nul n’est prophète en son pays). Il arme 5 navires bourrés d’Espagnols qui ne le portent pas dans leurs cœurs (rivalité oblige). L’ironie de l’Histoire est qu’il ne finira pas son tour du monde car il fut assassiné dans une petite île de l’archipel des Moluques au cours d’une négociation avec un petit roi qui ne voyait pas d’un bon œil l’arrivée de ces étrangers suréquipés et trop curieux. Celui qui fur le premier homme à faire le tour du monde fur son esclave, Henrique. Il n’est pas dans les livres d’histoire.

Nous sommes en 2013, les médias annoncent l’arrivée des marins du Vendée Globe. La misère de l’événement est à son paroxysme. Elle s’apparente à l’ennui mortel (et mortifère) des retransmissions de sports polluants (F1, moto,…). Les médias n’annoncent que des chiffres : le temps qu’ils ont mis, la météo, la taille des creux de vague, le nombre de spectateurs présents sur la digue, le précédent « record », le classement et la joie supposée des retrouvailles familiales (ce sera le seul moment d’émotion ( ils sont allés vite donc ils sont des héros). Les images retransmises pendant la course ont, comme d’habitude, été consternantes ; un marin hirsute, fatigué et trempé en premier plan, derrière lui une forte houle soit grise soit bleue, en fonction du temps, et des autocollants partout arborant la marque du sponsor (l’emplacement des autocollants est calculé à l’avance en fonction des angles de caméras embarquées sur le bateau). Je suis content que mes cotisations à la Macif aient permis à un désœuvré d’aller passer deux mois de vacances en mer. J’aurais préféré que la Macif garde le pognon pour me rembourser mes dents. Comble de la misère chiffrée des distractions contemporaines, ledit marin précise dans un bref interview radiophonique qu’il « gère » son arrivée (et son classement). Voilà, ils vont arriver les uns après les autres et comme d’habitude, ils n’auront rien à dire sur la mer, les animaux, l’état des océans. Ne vous attendez pas à de l’épique, ils n’en sont pas équipés. Ils ne vous diront rien sur le péril écologique qui pourrit les océans, les tonnes de plastiques et de déchets qui y flottent et qui asphyxient les organismes vivants qui disparaissent pendant qu'ils battent leurs records à la con. Ils n’auront rien appris sur le monde et ne vous rapporteront rien! Pas un récit, pas une découverte, pas une vision. Ils n’ont d'autre quête que celle de « dépasser » leurs p… de « limites ». Ils referont leur sempiternel éloge de la vitesse, à la seconde près. La misère, quoi.

Magellan, reviens !! Rendez-nous Vasco de Gama, Vespucci, Cabot, Pinzon, de Monfreid, Cendrars, Charcot… Et Henrique!
DES MECS QUI AVAIENT DES YEUX, UN ESPRIT ET DES CHOSES A DIRE !!!!!!

bateau_papier

Maman, les p'tits bateaux

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Commentaires
R
Au moins les vénitiens, eux, en plus de faire du business, savaient se marrer à bord!! On a retrouvé dans les archives du getto de Venise (où l'on fondait tout le métal nécessaire à la fabrication des navires) un grand nombre de documents relatifs à leurs expéditions maritimes. Dans tous les registres de navires, on trouve un personnage sans lequel aucun bâteau ne partait… l'uomo del culo ! Son rôle, contribuer à "relacher la pression" qui pesait sur les membres (sans mauvais jeu de mot) de l'équipage afin de prévenir toute idée de mutinerie. Ah ces ritals, machos, homophobes… à l'image de Berlu, quoi !!!<br /> <br /> Pour la petite histoire, le getto fut transformé à la fin de leurs grandes conquètes pour "parquer" les juifs de la ville… ce fut le premier ghetto de l'histoire.
J
Cher Dreamer<br /> <br /> Qu'ils étaient beaux ces capitaines, fiers ces galions armés par les cours royales et imperiales pour découvrir de nouvelles terres de preference recelant de gras filons d'or et d'argent que les gentilles populations locales se faisait un plaisir d'extraire gratuitement pour financer les guerres incessantes de ces souverains qui ruinaient l'Europe. <br /> <br /> " Et les vents zalizées zinclinaient leurs zantennes...."<br /> <br /> Et même mieux....<br /> <br /> Ivres de sciences et de découvertes, ils dressaient les cartes qui permirent plus tard aux armateurs de Bordeaux, Nantes et Saint-Malo d'envoyer en toute sécurité leurs navires aux cales bourrées de verroterie et d'armes obsolètes en cadeaux aux rois nègres et prince arabes, et par la même occasion d'offrir à leurs gentils sujets des voyages gratuits pour aller visiter les magnifiques champs de canne de Martinique et superbes champs de coton de Louisiane.<br /> <br /> La (leur) nature ayant horreur du vide, ils revenaient les cales pleines.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, évidemment que dire de ces sales gosses qui ne pensent qu'à se tirer la bourre pendant des semaines, choisissant les chemins les plus houleux et les plus venteux au risque de casser leurs beaux et très onéreux joujoux. Tout ceci sans même songer à s'arrêter pour quérir ; qui une boite de thé pour le five'o'clock de Maman, qui un coupon de soie pour la robe de mariage de la cousine Olga, qui une jolie petite négrillonne pour égayer les vieux jours de tonton Jacques, et bien entendu une bonne bouteille de rhum pour étancher la soif de leur cher papa.<br /> <br /> <br /> <br /> Y'a pas a dire... <br /> <br /> c'était mieux dans L' Temps
L e P i x d r e a m e r
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