C'est la faute de Power Point
Dans mon dernier texte, j’essayais de contredire un article de Frederic Filloux sur Facebook. Dans le Monde Mag N°57 du 16 octobre dernier (ils remettent ça !), on trouve un entretien avec Franck Frommer qui publie «un livre à charge contre le logiciel Power Point». Frommer constate que ce logiciel a littéralement « pris le pouvoir » dans le monde de l’entreprise. Il serait utilisé par 500millions de personnes au moins. Nul n’échappe désormais à son utilisation dès lors qu’il s’agit d’organiser un blabla, une conférence, un brief, un débriefing, une réunion quoi. Au point que tout ce beau monde, quelque soit son niveau hiérarchique dans le monde de l’entreprise, passe son temps à s’envoyer des slides. Ce qui turlupine notre écrivain et probablement l’autre expert mentionné dans l’article (Edward Tufte, encore un expert … !) c’est que l’utilisation de PPT est entrain de standardiser la pensée de ses utilisateurs, pire, de l’appauvrir dangereusement en exprimant les choses en une succession de points clés tous plus réducteurs les uns que les autres et évitant dangereusement l’approfondissement d’un propos. Le paradoxe c’est que PPT oblige aussi l’utilisateur à être assez créatif, c’est à dire à mixer, textes, images et sons pour étoffer sa démonstration à ses collègues, ses prospects, ses clients et … ses supérieurs hiérarchiques. L’article site deux drames de l’humanité causés par le logiciel Power Point, rien que ça ! L’exposé incomplet des ingénieurs de la Nasa dans la mise au point des risques du vol de la navette Columbia (!)—laquelle comme on le sait à explosé en vol— et l’exposé de Colin Powell aux Nations Unies concernant l’existence des armes de destructions massives en Irak et justifiant une intervention militaire …massive. Tout ça à cause d’un logiciel qui rend bête les têtes les mieux articulées de la planète ! Dingue, non ? Là nous sommes vraiment dans l’ère de la croyance dans le doigt qui montre la lune ! En plus intello, nous sommes dans l’affirmation MacLuhanienne du « medium c’est le message ». Dans l’article, l’auteur regrette les polycopiés (oui oui!). Il nous fait même croire qu’il est impossible d’interrompre un type qui fait son exposé PPT dans le noir. En fait, cette interview est très intéressante. Elle donne envie de rire mais aussi de compatir à une observation plus large de l’appauvrissement généralisé du langage donc de la pensée. C’est assez typique dans le monde pressurisé de l’entreprise gourmande des personnels les plus formatés possibles mais cela ne prouve pas que les choses s’exprimaient mieux avant avec des moyens plus rudimentaires et moins cognitifs. Si c’est cela que Frommer veut dénoncer à travers la mise au ban d’un logiciel, alors d’accord, sinon c’est ridicule. Bien. Allons plus loin. Peut-on adapter le raisonnement de Frommer à d’autres logiciels ou d’autres machines. Est-ce que les caméras de cinéma font faire le même film aux réalisateurs? Est-ce qu’un logiciel d’effets spéciaux fait faire les mêmes trucages à tout le monde ? Le même stylo … les mêmes romans? Est-ce que le même vélo fait prendre la même route ? Etc. Le livre du Frommer en question fait 267pages chez Flammarion. Délire, non ? Décidément il semblerait que La Monde ait vraiment du mal avec le numérique !( ?) This is the key point Francky ! And I keep on singing "Only an expert can deal with the problem because only an expert can deal with the problem…"